À fin mai 2022, 361 tueries de masse ont déjà eu lieu aux Etats-Unis. Des tragédies malheureusement communes dans le pays.
Faisant 21 morts dont une majorité d’enfants, la tuerie d’Uvalde a ému les États-Unis et le reste de la planète. Cette énième fusillade a relancé le débat sur le contrôle des armes à feu dans le pays, sujet clivant pour une grande partie des américains. Le président Joe Biden, en déplacement à Uvalde auprès des familles des victimes, a promis de « faire quelque chose ». Mais quoi ?
Un droit inscrit dans la Constitution
Le droit de porter une arme est un droit constitutionnel remontant à 1791. Loin de l’époque du Far West, en 2021 pourtant, 693 fusillades ont coûté la vie à 702 personnes et en ont blessés 2844 autres. Au total, les armes à feu ont causé la mort de 20 000 personnes, hors suicide. Un droit à la fois ancré dans la loi et la culture populaire qui constitue un marché toujours plus florissant, alors que 40% des américains ont des armes à feu chez eux et selon le Ministère de la Justice américaine, 30% des adultes possèdent au moins une arme à feu. Ces vingt dernières années, plus de 139 millions d’armes à destination du commerce ont été produites, dont plus de 11 millions rien qu’en 2020. Les armes dites « fantômes » posent aussi problème aux autorités : pour quelques centaines de dollars, ces armes en kit peuvent être fabriquées chez soi. Problème : contrairement aux armes produites en usine, celles-ci n’ont pas de numéro de série et donc ne nécessitent pas de permis de port d’arme, ni de contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques.
La National Rifle Association ou la complaisance politique
Au Sénat, la question même d’une simple régulation peine à être débattue, principalement bloquée par les républicains qui invoquent le second amendement de la Constitution et refusent toute entrave à leur liberté de posséder une arme, de n’importe quel type. Marie Christine Bonzom, politologue spécialiste des États-Unis constate : « Plus de 80% des américains restent cependant favorables à des restrictions au droit de porter des armes pour les personnes qui ont des problèmes psychologiques ou mentaux. Des points communs peuvent être trouvés entre les deux partis pour des compromis, mais malheureusement ce désir de compromis n’existe pas, et encore moins au Sénat. » Derrière cette prise de position, se trouve la National Rifle Association (N.R.A), le plus puissant lobby au monde, tout domaine confondu. Son influence est considérable et pèse autant sur les décisions politiques qu’économiques. La N.R.A revendique plus de cinq millions de membres. En plus du lobbying, elle propose des cours de formation, regroupe les chasseurs, publie des magazines, recueille des fonds, diffuse ses propres programmes de télévision et a même ouvert un musée dans son quartier général en Virginie. De 2000 à 2012, la NRA et les fabricants d’armes individuelles ont versé 80 millions de dollars pour peser sur les élections au Sénat, à la Chambre des représentants et à la Maison Blanche. Mais avec la répétition des tueries de masse, des voix s’élèvent et plusieurs partenaires ont déjà pris leur distance avec l’association.