Netflix, le péril de l’américanisation du cinéma ?

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Si les plateformes de streaming permettent d’exporter à l’international les oeuvres produites hors des États-Unis, permettent-elles aussi d’exporter la culture en provenance d’autres pays ?

La série « Lupin, dans l’ombre d’Arsène » est dans toutes les têtes. Le héros de Maurice Leblanc est devenu le premier du classement sur Netflix au Brésil, en Suède et même aux États-Unis. Étant disponible en exclusivité sur un service mondial de vidéo à la demande, cela lui offre un accès instantané à près de 200 millions d’abonnés. Aucune œuvre de fiction française n’a connu un tel succès à l’international depuis « Intouchables » en 2011. Beaucoup se réjouissent de l’exportation de la culture française à l’international. Mais « Lupin, dans l’ombre d’Arsène » est-elle vraiment une série française ?

Série française ou américaine ?

Si le casting est composé de noms français, la réalisation est gérée par Louis Leterrier. Il est principalement connu pour ses blockbusters comme « L’incroyable Hulk », « Le choc des titans », « Le transporteur » ou encore « Insaisissables ». Ce réalisateur est accusé « d’américaniser » le cinéma français, comme Luc Besson pour lequel il a souvent travaillé En effet, ses productions reprennent les codes esthétiques et scénaristiques des long-métrages états-uniens.

Il était donc tout à fait logique qu’il soit choisi pour s’occuper de l’adaptation pour Netflix du roman de Maurice Leblanc. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit avant tout d’une série produite par une plateforme américaine, pensée pour séduire un public international. Et les codes les plus répandus à l’international sont les codes du cinéma américain.

Le problème des séries étrangères sur Netflix

Le cas de « Lupin » n’est pas isolé. La majorité des productions à succès d’origine étrangère sur Netflix sont souvent calibrées pour plaire au plus grand nombre. Par exemple, si la série « La casa de papel » est d’origine espagnole, elle reprend tous les codes des œuvres américaines mettent en scène un braquage, et n’a d’espagnol en son sein que très peu d’aspect.

Mais est-ce vraiment un problème ? Ces productions tentent de se faire connaitre à l’internationale et utilisent donc logiquement les codes cinématographiques les plus répandus. Se faire connaitre de cette manière a d’ailleurs ses avantages. Les cinéastes étrangers qui se feront un nom pourront appliquer, petit à petit, leur patte à leurs créations.

Netflix s’ouvre lentement à la cinéphilie

Tout n’est également pas à jeter chez Netflix. Récemment, la plateforme s’est fait mécène de la Cinémathèque française afin de préserver le  patrimoine cinématographique. En effet, le long-métrage Napoléon réalisé par Abel Gance en 1927, va recevoir une nouvelle restauration grâce à la collaboration entre le géant américain et l’institut français. Ce n’est pas la première fois que Netflix s’engage à défendre la cinéphilie. En 2018, elle participait à la reconstitution du dernier film inachevé d’Orson Wells « De l’autre côté du vent » et a financé des films comme « The irishman » de Martin Scorsese et « Mank » de David Fincher.

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