L’Hermione, la frégate de la liberté

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Lancée en 2014, la réplique du navire de guerre est tombée en rade à Anglet.

L’occasion de revenir sur l’épopée de ce trois-mâts et de son plus célèbre passager, le marquis de La Fayette.

Nous sommes en 1779, dans la France de Louis XVI. Au coeur de l’Arsenal maritime de Rochefort, les architectes terminent les plans des frégates dont fait partie l’Hermione. Le temps presse, Outre-Atlantique la guerre d’indépendance fait rage. Depuis un an, le Royaume de France y participe activement en soutenant les insurgés pour ébranler l’empire rival, les britanniques.

En mars 1780, l’Hermione largue les amarres en direction de ce qui ne sont encore que des colonies. A son bord, le marquis de La Fayette retourne aux Amériques avec un message du roi pour les insurgés. Le 27 avril, la frégate accoste à Boston, La Fayette et les jeunes aristocrates qui l’ont suivi reçoivent un accueil triomphal. Une fois que le marquis rejoint son ami, Georges Washington, il le prévient de l’arrivée imminente des troupes françaises. 

Hermione

Au service de sa majesté puis de la Nation

L’Hermione est ensuite mise au service du congrès américain. Le navire protège le commerce allié et attaque celui des ennemis. Il est aussi employé pour des missions de ravitaillement ou de surveillance. Au cours du conflit, l’Hermione est chargée de missions de représentation. En 1781, le congrès américain est convié à bord pour un dîner avec le marquis de La Fayette. Cet événement est un symbole fort de l’amitié naissante entre les deux pays. 

Mais ce que préfèrent l’Hermione et son équipage, c’est combattre. Après avoir été sur le flanc pendant des mois, l’Hermione qui a soigné ses maux participe au siège de Yorktown. 

Après 21 jours de combats entre les insurgés américains et alliés français contre les Britanniques, Lord Cornwalis se rend. Honteux d’avoir été vaincu par une bande de paysans, le général anglais envoie un de ses subordonnés remettre son épée, signe de reddition. Cette victoire finale sonne le retour au pays pour La Fayette et l’Hermione qui rejoignent leurs terres auvergnates et charentaises.

Ils ne se reverront plus.

Les campagnes menées par les Français ont laissé de terribles cicatrices au trois-mâts. De 1784 à 1793, le navire subit des interventions. Pendant ce long coma, l’Hermione n’assiste pas à la Révolution française. En 1793, la frégate reprend du service et est envoyée à l’embouchure de la Loire pour surveiller les Vendéens qui se sont soulevés contre la jeune république et arrêter les anglais en cas de débarquement. Ces missions la poussent à protéger les villes des Sables-d’Olonne puis de Nantes.

En septembre de la même année, l’Hermione a pour mission d’escorter un convoi de douze bâtiments entre Nantes et Brest. L’équipage ne ressemble plus à celui qui est arrivé à Boston, les matelots sont inexpérimentés. A peine sortie de l’estuaire de la Loire, la frégate se heurte aux rochers du Croisic. La coque est percée à tribord, l’eau s’engouffre, le bateau coule lentement, laissant le temps à l’équipage de se sauver. Mais pour l’Hermione il est trop tard, la frégate sombre dans l’Atlantique. 

L’épave du navire n’est découverte qu’en 1984. En 1997, l’association Hermione-Lafayette lance le projet fou de reconstruire la frégate en respectant le plus fidèlement possible le navire d’origine.

Après 17 ans de chantier, le 18 avril 2015, l’Hermione reprend son chemin vers la liberté 235 ans après son aïeule.

François Lelièvre 

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