Chaque semaine, nous partons à la rencontre des sorcières des temps modernes qui nous inspirent et nous délivrent leur expérience sur le chemin de l’éveil spirituel.
La dualité de Morgane saute aux yeux. Personnalité janusienne, elle évoque le dieu romain aux deux visages, l’un tourné vers le passé et l’autre vers l’avenir. Celle qui prend le titre d’auto-entrepreneuse dans un TGV pour Paris se dévoue aussitôt à sa et ses passions. Initiée dès le plus jeune âge aux choix du coeur et de l’intuition par une famille attentive, elle trouve de la place pour nourrir son imaginaire. Depuis Montpellier, elle trace alors des illustrations poudrées bercées de nuances de violet et de orange – sans doute les deux teintes les plus mystiques de la palette de couleurs.
Te retrouves-tu dans ton signe astrologique ?
En étudiant le thème natal que mes parents ont réalisés à ma naissance, j’ai découvert que j’étais Poisson. Et lorsque je me suis penchée sur mon ascendant, la Vierge, j’ai compris que ces signes opposés impliquaient une certaine dualité. Le Poisson est un signe très lunaire, à la fois sensible et créatif, qui a une soif de reconnaissance et de loyauté de la part de son entourage. Quand on le blesse, il se replie sur lui-même, quitte à préférer la seule compagnie des animaux. De son côté, la Vierge est terre à terre, dévouée et confiante. Loin de se laisser flotter dans les remous de l’inconstance, elle prône l’équilibre. Ces deux personnalités se heurtent et vivent en harmonie dans mon corps : la rigueur se confond avec des moments nébuleux où l’émotion prédomine.
Raconte-nous ton éveil spirituel ?
J’ai grandi dans une famille où la connexion à ses émotions et à son être profond est reconnue comme une valeur. À l’âge de 22 ans, je prend conscience de la temporalité de la vie lorsque mon frère perd la vie après avoir reçu une balle dans le flanc gauche. Depuis, je chérie tout ce qui se rapporte au temps à travers un triptyque d’abstractions : le temps – l’amour – la mort. Je me prend de fascination pour ce cercle inéluctable. Les souvenirs donnent accès au passé, dans lequel est emprisonné le souvenir des êtres perdus. J’apprécie également la beauté et la poésie de l’instant présent dans lequel se cache une certaine délicatesse. Ces allégories trouvent leur place de vanité dans toute forme d’art.
Comment utilises-tu ta magie pour créer quelque chose ?
Avant d’être un talent, la magie est pour moi un besoin de transmettre. C’est un mode de communication qui prend la forme d’une maïeutique dont nait mon art. Ensuite, c’est le spectateur qui est animé par une émotion ou une pensée différente. La magie opère dans l’interaction qui s’exerce entre l’artiste, l’oeuvre et le spectateur. Mes illustrations donnent à voir des femmes, des astres, des allégories des signes astrologiques et des animaux totems.
Son rituel favoris.
Morgane quantifie méthodiquement le temps qui passe sous ses yeux. Elle observe les nuances bleutées du ciel qui se métamorphosent au fil des heures qui s’écoulent. Elle ralentie ainsi le temps. Quand le crépuscule arrive tout à fait, elle allume des bougies et laisse ses émotions bruler à leur guise à l’instar de la flamme qui brûle la cire. Morgane se met alors à lister des mots, des répliques, des phrases ou des poèmes…
Ses inspirations :
Mémoire d’une geisha d’Arthur Golden, éditions Le Livre de Poche, 2006 : pour sa poésie, son intimité et sa délicatesse
La flûte enchantée, Mozart, 1791: qui la fait frissonner à chaque écoute
Les oeuvres digitales d’Alexis Christodoulou : pour ses lignes architecturales, sa végétation fantasque et sa poésie silencieuse
Etudiante en journalisme et passionnée de tout ce qui relève du divertissement et de la magie, je pars chaque semaine à la rencontre de ces « sorcières des temps modernes » qui brillent par leur créativité.