Le huis-clos, un problème que partage tous les sports. Mais pour les clubs de rugby, cela représente d’énormes pertes d’argent.
Il fallait s’y attendre, le rugby fait parti de ces sports qui pâtissent énormément du manque de public. Cependant, il est possible que la crise économique déclenchée par le Covid-19, ne soit finalement que le reflet d’un modèle économique bancal. Pourtant ce n’est pas les idées qui ont manqué, avec la mise en place depuis 2010 du salary-cap (un plafond de salaire préalablement défini à ne pas dépasser). Audacieux, mais difficilement applicable pour certains clubs. Puisque depuis les dix dernières années, les rémunérations ne cessent d’augmenter. C’est ce qu’explique notamment le président de l’Union Bordeaux-Bègles Laurent Marti, qui affirme dans les colonnes de Ouest-France que « Nous avons justement discuté pour que, d’abord le salary cap soit respecté, car on sait qu’il y’a aujourd’hui un club en France qui ne s’y plie pas (en l’occurrence Montpellier). Nous avons voté en juillet une baisse progressive du plafond sur quatre ans. Mais il faudra aller plus loin à l’avenir ».
Aller plus loin, mais dans quel sens ? Thomas Lombard (directeur général du Stade français) a une idée derrière la tête en évoquant un système économique existant dans football mondial. Mis en place en 2010, le fair-play financier veille à ce qu’aucun club ne dépense plus que ce qu’il ne gagne. Mais pas que, également instaurer un marché des transferts, qui pourrait permettre de renflouer les comptes des clubs, via la vente de joueurs. Une idée loin d’avoir les faveurs de Laurent Marti, refusant de copier le sport au ballon rond « Ce serait faire d’un sportif un produit, ce ne sont pas nos valeurs. Nous ne sommes pas le foot. Si on essaie de faire comme eux, nous aurons de mauvais résultats ».
Un huis clos qui pèse énormément sur les finances
Les matchs sans public représentent un problème majeur pour quasiment tous les sports. Mais pour le rugby, peut-être un peu plus que les autres. Puisque dans cette discipline, la billetterie représente 30% de leur budget, et les sponsors 50%. Soit 70% à 80% du budget des clubs de rugby, touchés. Autant dire qu’en attendant la réouverture des stades au public, le sport au ballon ovale a intérêt à trouver des idées pour renouveler son modèle économique.
Prenons pour exemple, le stade Toulousain. En temps normal, un match joué à domicile rapporte au club près d’1 million d’euro en terme de recettes. Depuis l’instauration des rencontres sans public, l’équipe perd près de 1,7 million d’€ par match joué. D’après une estimation de France 3, la perte d’argent pourrait à la fin de la saison s’élever à 23 millions d’€. Un montant colossal qui sera difficile à éponger pour le stade Toulousain. De manière plus générale, la Ligue nationale de rugby a estimée sur une saison entière à huis clos, des pertes pouvant aller jusqu’à 180 millions d’euros.
Un point positif
C’est difficile à croire, vu les informations traitées auparavant mais il y’a quelque chose de « bénéfique » que l’on peut tirer de cette situation. Ce chaos économique, peut permettre au rugby de se réinventer et de trouver un système financier qui puisse durer sur le long terme. Aujourd’hui, la situation est complexe, mais dans quelques années, le rugby a les moyens de revenir en force sur le plan économique.