Sur la scène mondiale, les années Trump ont été marquées par une diplomatie souvent imprévisible.
Joe Biden ne partage pas les obsessions antichinoises ou hostiles à l’Iran, mais finalement, les fondamentaux de la diplomatie américaine ne devraient guère changer.
« Nous allons réparer nos alliances », a promis Joe Biden dans son discours d’investiture. Depuis son arrivée au pouvoir, Washington a déjà réintégré l’accord de Paris sur le climat et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le cap du 46e président des Etats-Unis est donc clair : l’Amérique doit réintégrer les institutions multilatérales après quatre années de politique unilatérale forcenée.
Le virage remarquable de la semaine a été à l’égard de la Russie. Joe Biden a ouvert la voie à une prolongation de cinq ans du programme New Start, dernier grand traité de désarmement nucléaire avec le pays.
L’autre surprise concerne l’Arabie Saoudite, alliée proche de l’administration Trump. Antony Blinken, le secrétaire d’Etat veut mettre fin au soutien américain à la coalition militaire menée par Ryad dans la guerre au Yémen.
Changement de ton plus que de stratégie?
Mais au delà de ces ruptures emblématiques, l’administration Biden pourrait se contenter d’un changement de ton et de tactique plus que de stratégie. Paul Poast, professeur à l’Université de Chicago, relève que la politique étrangère américaine, depuis la fin de la Guerre froide, a toujours visé à préserver la primauté des États-Unis. « Peut-être que la rhétorique change un peu mais quel que soit le président, le but ultime reste le même. Et je ne m’attends pas à ce que cela change », a-t-il prédit.
Pour Joe Biden, la Chine reste « le plus grand concurrent » de l’Amérique. Il a promis de conduire son pays à « gagner la compétition » en s’engageant à investir massivement dans les nouvelles technologies dans le cadre de son programme économique « Buy American ». Il prévoit de travailler avec ses alliés en désaccord avec Pékin pour mettre une pression collective sur son rival, que ce soit sur les questions climatiques, la santé publique mondiale, ou la non-prolifération – notamment vis-à-vis de la Corée du Nord.
Le prochain secrétaire d’État a aussi confirmé que Washington continuerait de considérer l’opposant Juan Guaido comme président du Venezuela, qualifiant Nicolas Maduro de « dictateur brutal », une formule que son prédécesseur, Mike Pompeo, ne renierait pas.
Du côté du Moyen-Orient, la lignée de Donald Trump de mettre fin « aux guerres éternelles » en Afghanistan et en Irak devrait perdurer avec le prochain locataire de la Maison Blanche. Mais Joe Biden devrait se démarquer sur le dossier iranien puisqu’il souhaite « rentrer » dans l’accord nucléaire « si Téhéran se remet à respecter le texte -négocié par l’administration Obama-Biden- aux côtés de nos alliés et d’autres puissances mondiales ».
Sur le front israélo-palestinien, Joe Biden ne devrait pas trop s’éloigner de la ligne de Donald Trump, en s’alignant sur la solution à deux États, comme lui, tout en assurant vouloir renouer avec les Palestiniens. Il souhaite notamment renouveler le financement américain à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), que le républicain avait interrompu.
Alors certes, sur la Chine, l’Iran ou la Corée du Nord, le maître mot est désormais « en concertation avec nos alliés », comme pour mieux s’opposer au cavalier seul trumpiste. Mais sur le fond, la politique portée par Antony Blinken devrait faire bonne impression jusque dans les rangs républicains.