Dépeint comme un loup solitaire, Vladimir Poutine s’appuie depuis des années sur sa garde rapprochée.
Anciens du KGB, ils ont gravi les échelons grâce et avec Poutine. Mais ont-ils encore leur mot à dire ?
Sergueï Shoigu (ministre de la Défense)
S’il existe un confident de longue date du chef du Kremlin, c’est bien Sergei Shoigu. Il accompagne régulièrement le président russe à la pêche et à la chasse lors de ses vacances.
Par le passé, il a été considéré comme un successeur possible de Poutine au Kremlin. La Russie lui doit notamment l’annexion de la Crimée.
Au sein de l’oligarchie russe, on lui reproche de ne pas avoir encore marché sur Kiev. Pas suffisant pour l’écarter, il reste le principal locuteur d’influence du président russe.
Valery Gerasimov (chef d’état-major des armées)
Il est le principal responsable de l’enlisement de l’armée russe en Ukraine. En tant que chef d’état major, sa mission était de mener à bien l’invasion rapide du pays. Cet échec peut le mettre sur la touche. Lui, l’homme qui a participé à toutes les guerres menées par Vladimir Poutine.
En 1999, il est général de « l’opération antiterroriste » menée par Moscou en Tchétchénie. Un an après l’intervention russe, les hommes de Gerasimov reprennent la capitale Grozny, rasée par l’artillerie russe. En 2014, il est aussi un des personnages clef de la campagne militaire d’annexion en Crimée. S’il était intouchable il y a peu, le chef d’état major russe ressort fragilisé de ce début de guerre. Même si Poutine peut difficilement se débarrasser de ce professionnel des conflits armés.
Il est tout le contraire du ministre de la Défense qui se pavane en uniforme chargé de médailles alors qu’il n’a jamais servi dans l’armée russe.
Nicolai Patrushev (secrétaire du Conseil de sécurité)
Patrushev est de loin le proche de Poutine le plus belliqueux. Pour lui, l’Occident s’acharne sur la Russie et nuit à son développement. Il connaît Poutine depuis l’enfance, étant tous deux de Leningrad. Après des études à l’école du KGB, il gravit tous les échelons du service de renseignement russe. Après la chute de l’URSS, il devient chef adjoint d’un département du FSB.
En 1999, le président Eltsine le nomme par décret directeur du FSB, succédant ainsi à son cher ami Vladimir Poutine. Une fois confortablement installé à la tête de la Russie, le chef du Kremlin lui offre le poste de secrétaire du Conseil de sécurité, un organe consultatif qui élabore des stratégies sur des affaires de sécurité intérieure. Certains voient en lui le numéro deux du Kremlin de par son poste et de par sa proximité avec le président Poutine.
Alexander Bortnikov (directeur du FSB)
Il est la source d’information principale du pouvoir russe. Ancien routier du KGB de Leningrad, il prend la tête du FSB après le départ de Patrushev. Depuis qu’il est aux manettes, l’influence du FSB sur les autres services de maintien de l’ordre s’intensifie. Le FSB dispose de ses propres forces spéciales armées. Très proche de Poutine, il est pourtant difficile de l’imaginer influer sur la gestion de la guerre en Ukraine.
Sergueï Naryskin (directeur du Service de renseignement extérieur)
C’est le dernier espion de Leningrad. Sa vie a longtemps été synonyme de Poutine. D’abord dans les années de Saint Petersbourg. Il travaille ensuite dans les cabinets du Kremlin en 2004. Par la suite, il est président du Parlement et dirige la Société historique russe. Celle-ci a pour but de promouvoir l’histoire nationale russe. Son grand copain du Kremlin s’inspire de ses fondements idéologiques concernant « la grande Russie » pour justifier toutes ses actions militaires.
Malgré cette proximité entre les deux hommes, le chef des services secrets est devenu blême lorsque Poutine lui a demandé son avis sur l’intervention en Ukraine lors du conseil de sécurité. Naryskin a perdu « son russe » devant tout le pays.
Un signe que même ses plus proches commencent à le lâcher.
Sergueï Lavrov (ministre des Affaires étrangères)
Depuis 20 ans, il est le diplomate le plus haut gradé de la Russie. Omniprésent dans les affaires internationales, Lavrov est mis sur la touche concernant l’Ukraine. Notamment à cause de ses prises de position. Il a plaidé pour des discussions diplomatiques avec l’Ukraine, Poutine l’a ignoré. Peu probable qu’il est encore son mot à dire auprès de Poutine.
Victor Zolotov (Directeur de la garde nationale)
Ancien garde du corps du président Poutine, il est aujourd’hui à la tête de la Rosgarvia, la garde nationale russe. Cette unité paramilitaire a été créée dans le style de la garde prétorienne, l’armée personnelle de l’empereur romain. Devant la lenteur de l’offensive russe, la garde nationale a été déployée aux abords de grandes ville comme Kharkiv ou Kiev. Sans entraînement militaire et sans chars, la garde nationale est vulnérable aux attaques ukrainiennes.
Une chose est sûre, si quelqu’un ose un jour s’opposer à Poutine, il se trouve parmi ces sept personnages.
Le « tsar » russe continuera t-il dans ses actions sans entrave ou connaîtra t-il une fin sanglante à la Caligula ?
L’histoire nous le dira…
François Lelièvre