En pleine crise environnementale, l’agriculture urbaine semble pour certains une solution face à l’agriculture intensive.
Cette méthode de cultiver ne date pas d’hier. Il a fallu attendre le XXIe siècle pour la voir se développer et attirer l’intérêt des investisseurs. En l’espace de cinq ans, près de 2 milliards de dollars ont été investis dans l’agriculture urbaine et en intérieur par quinze des plus grosses sociétés actives dans le secteur.
L’agriculture urbaine se décompose en plusieurs catégories mais ont tous un point commun : elles se situent en ville ou dans les abords. La plus connue et visible demeure les cultures présentes sur les toits des immeubles des grandes villes. Paris ne fait pas l’exception. L’Opéra Bastille accueille sur son toit 2500 mètres carrés de cultures répartis sur quatre terrasses différentes. Ce type d’aménagements se nomme d’ailleurs « ferme urbaine » La permaculture prend aussi de plus en plus de place dans les villes. Elle se reconnaît par son rapport sensible avec la biodiversité. Ses cultures se fondent dans l’environnement tout en le respectant. Les insecticides et les engrais sont interdits. Le but final reste de ne pas détruire l’écosystème autour des cultures.
La dernière catégorie apparaît comme la plus expansionniste. Il s’agit de l’agriculture en intérieur. Elle se fait principalement à la verticale. Les différentes cultures sont rangées sur des étagères superposées et souvent hors-sol. Les végétaux glanent de l’eau grâce l’immersion de leurs racines dans l’eau et la pulvérisation de brume directement sur ces dernières. Les installations présentes dans ces bâtiments (LEDs, thermostat, …) permettent de respecter les facteurs importants à la pousse des plantes (température, lumières du soleil, …).
Une véritable solution pour l’avenir ?
Cette nouvelle agriculture se présente pour beaucoup comme la révolution pour faire face à l’agriculture intensive et ses méfaits. Néanmoins, l’agriculture urbaine dispose toutefois de points noirs. Tout d’abord, on peut mettre en avant sa quantité produite. Christine Aubry, chercheuse à l’Inra et étudiant depuis six ans la récolte des 600 m² de cultures posés sur le toit de l’école AgroParisTech, à Paris, affirme que les récoltes résultent à en moyenne 5 à 8 kg par m². Une telle quantité semble insuffisante pour une ville comme Paris. La chercheuse a calculé que si l’on utilise les 80 hectares de toitures parisiennes, cela représenterait que 6% de la consommation parisienne de fruits et légumes. À noter que ce calcul ne comprend pas les céréales et le bétail.
Les chercheurs remettent en question l’impact écologique de l’agriculture urbaine et d’autant plus en intérieur. Pour faire maintenir l’humidité et la température à un taux fixe et garder de l’éclairage jour et nuit, les bâtiments doivent alors dépenser énormément d’énergie. Ce détail a toute son importance lorsque l’on sait que l’agriculture intensive pollue aussi énormément.
Du côté économique, elle n’a pas fait aussi ses preuves. Il est à ce jour difficile de faire fonctionner sur le long terme un projet de ce type d’agriculture. Son fonctionnement nécessite plus d’argent qu’à la campagne. Le rendement en général ne peut faire face aux coûts de production à cause de l’espace minime des cultures. Les entreprises s’appuient alors sur d’autres domaines comme l’accueil de séminaires, la vente de différents produits (biscuits, confitures, …) ou encore la restauration.
L’avenir de l’agriculture urbaine est donc énigmatique. Christine Aubry explique d’ailleurs à Capital : « Le vrai potentiel de l’agriculture urbaine ne se trouve pas sur les toits, où l’espace est cher et limité, mais en périphérie des villes ».